22/09/2009
_Powers : Secret histories_
Powers : Secret histories : John BERLYNE : PS Publishing : 2009 : ISBN-13 978-1-84863-011-6 : 569 pages (pas d'index) : 40 GBP chez l'éditeur pour un HC largement illustré (en couleur) avec jaquette, signé et à tirage limité (1000 exemplaires), existe aussi en versions de plus en plus luxueuses (et de plus en plus chères).

Tim Powers est un auteur un peu à part dans le genre, peut-être justement parce qu'il est de plus en souvent aux marges de celui-ci, ce qui ne l'empêche pas d'avoir un cadre de fans loyaux qui le suivent dans toutes ses explorations littéraires. Ce massif (presque 600 pages) ouvrage est donc présenté comme une bibliographie de son oeuvre mais est nettement plus proche du "companion" que d'un ouvrage destiné à un travail bibliographique.

En effet, il est divisé en deux parties principales. La première ("Bibliography") occupe 150 pages (un quart du livre) et comporte trois sections : 1) "Novels" qui couvre les douze romans de l'auteur, 2) "Novellas, short stories & other works" qui regroupe tous les textes d'un format plus court et 3) "William Ashbless - Selected sightings", une bibliographie (réelle) de l'alter ego (fictif) de Powers. Chacune de ces sections donne, outre des copieux commentaires de l'auteur et du bibliographe, les renseignements bibliographiques habituels et couvre tous les pays et toutes les éditions (et réimpressions). Elle est magnifiquement illustrée avec une reproduction en couleur de la plupart des couvertures. La seconde partie ("Appendix") est un vaste (plus de quatre cents pages) ensemble qui contient des discussions de l'oeuvre de l'auteur mais est surtout constitué de textes de la main de Powers : notes d'écritures, synopsis, brouillons, propositions de romans (envoyés aux éditeurs), variantes de textes, parties excisées, poèmes non publiés... Cette partie est aussi illustrée, essentiellement par des petits dessins (croquis de personnages, représentation de paysages, plans...) que l'auteur griffonnait abondamment lors de son travail d'écriture.

J'ai parlé, à propos des bibliographies Underwood-Miller (http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/09/18/6332be5d739...), de "Rolls" du genre. Et bien on est ici en matière de qualité, encore un cran au dessus. L'ouvrage est tout simplement un superbe objet. Un livre très solidement réalisé, un papier glacé de qualité, un ensemble d'illustrations parfaitement reproduites avec des pleines pages couleurs, une production soignée et particulièrement lisible, toutes ces qualités physiques justifient largement la grosse cinquantaine d'Euros du livre.

De la même façon, les appendices raviront les spécialistes de Powers qui pourront suivre pas à pas le processus créatif de l'auteur en commençant par ses poèmes des années lycée. Ils pourront aussi délecter en traçant les métamorphoses de certains textes (comme The drawing of the dark où le texte de l'avant projet pour Laser Books nous est fourni intégralement). Les amateurs de jeux littéraires se régaleront avec la bibliographie d'Ashbless et les interventions de ce personnage au sein même de cet ouvrage.

Ce livre est vendu comme (je cite) "A book that essentially redefines the term 'bibliography'", ironiquement on pourrait dire que ce n'est pas faux mais sûrement pas au sens où les promoteurs de cet ouvrage l'entendent. En matière d'organisation de la partie bibliographique, il s'agit effectivement de quelque chose de différent. Au lieu de la traditionnelle division en Livres/Textes, on a une séparation en Romans/Autres qui conduit à une section "Autres" qui contient presque autant de livres physiques que la partie "Romans" (ceci étant dû au fait que nombre de novellas de Powers sont parus individuellement dans des éditions limitées). Pour un auteur aussi peu prolifique que Powers (une douzaine de romans et une quinzaine de nouvelles), une telle disposition n'apporte rien de plus si ce n'est une certaine difficulté d'appréhension pour qui est habitué à ce type d'ouvrage. Autre point peu pratique, les recueils de nouvelles sont (bizzarement) mis dans la deuxième section et leur contenu n'est même pas listé.

Une fois passé ce mode de présentation certes original mais pas forcément logique ni pratique, on arrive au niveau de la qualité des données. En ce qui me concerne, le tableau n'est guère reluisant. Soyons factuels : je possède exactement neuf livres de Powers (8 VF et un seul en VO). Sur ces neuf ouvrages, trois ne sont pas dans la base (des réimpressions J'ai Lu, alors que certaines sont parfois mentionnées), trois (pas les mêmes) comportent un erreur au niveau de l'ISBN tel que donné par Berlyne (chiffre de contrôle ou code de l'éditeur) et la couverture de l'un d'entre eux présentée par la bibliographie ne correspond pas à cet ouvrage (un livre que Berlyne date de 1986 et qui porte en gros la mention "Prix Apollo 1987"). J'ai pu aussi noter quelques autres VF manquantes (Powers a presque été plus publié chez nous que dans son pays d'origine), des erreurs d'inattention (un illustrateur nommé "De Caza") ou des pièges habituels dans lesquels tombent les bibliographes US traitant des VF (l'indication d'un prix pour des poches français).

Pour être franc, je trouve que cela fait un peu tâche dans un ouvrage de ce prix et surtout qui affiche de telles ambitions. Il est clair que Powers est l'exemple même de l'auteur de niche qui réussit à vendre (lui ou ses éditeurs) sur son nom des ouvrages hors de prix à des maniaques (comme moi). Sa bibliographie regorge de titres aux tirages limités comme cette version à 26 exemplaires du recueil Night moves (chez Subterranean) dont les 165 pages sont à vous pour la modique somme de 500 USD ou la variante "Authors state" de The bible repairman, 3 exemplaires à 1200 USD pièce. On peut toutefois être un peu irrité de cette exploitation cynique du filon des amateurs.

A final un très bel (et très cher) ouvrage mais à la partie bibliographique qui semble largement perfectible. La grande quantité de matériel original par Powers le destine plus à des experts littéraires qu'à des collectionneurs ou des bibliographes.
Note GHOR : 2 étoiles
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17/09/2009
_De beaux lendemains ?_
De beaux lendemains ? : Histoire, société et politique dans la science-fiction : Gianni HAVER & Patrick J. GYGER : 2002 : Editions Antipodes (collection "Médias et histoire") : ISBN-10 2-940146-23-3 : 213 pages (y compris glossaire et bibliographie) : une vingtaine d'Euros pour un TP.

Cet ouvrage est un objet littéraire assez rare puisqu'il s'agit d'un ouvrage sur la SF qui est non seulement en français mais qui est originaire de Suisse. Dans la pratique, il s'agit globalement des actes d'un colloque co-organisé par un département de l'université de Lausanne (où enseigne Haver) et la Maison d'Ailleurs (dont le directeur est Gyger). La thématique choisie était celle de l'histoire et de la politique dans le genre, en particulier sous l'éclairage des utopies ou dystopies.

Ce recueil contient donc dix essais que l'on doit essentiellement à des étudiants de l'université de Lausanne. Ces textes sont d'une longueur variable (de dix à trente pages), les oeuvres discutées étant dans leur immense majorité cinématographiques, ce qui est assez logique pour des non-spécialistes du genre. En effet, hormis deux articles généraux sur l'Utopie (Gyger) et le Cyberpunk (Simioni) et un sur la musique (Mousson), le reste ne traite que des films de SF, soit sous un angle thématique global (le post-atomique, le film-catastrophe) soit en se focalisant sur des oeuvres précises (Total recall, Dark City, 2069). Un court (2 pages) glossaire des termes propres à la SF ainsi qu'une bibliographie secondaire clôturent l'ouvrage.

Même si l'amateur de SF écrite comme moi peut être déçu de la place (trop ?) importante accordée aux films, l'ensemble est plutôt d'un bon niveau. Cette qualité est aussi favorisée par le fait que les certains essais restent relativement généraux (style liste de films) ou, à contrario, se concentrent sur des sujets suffisamment étroits pour masquer certaines lacunes qui pourraient apparaître dans des textes à vocation plus générale (qui nécessietnt une plus grande connaissance du genre). Il est par exemple surprenant de constater que des ouvrages de base sur le thème du post-apocalyptique (Bartter, Brians, Seed ou Yoke pour ne mentionner que les plus exhaustifs) ne semblent pas avoir été utilisés. Cette habitude de réinventer la roue est d'ailleurs fréquente dans ce type d'ouvrage en partie réalisé par des étudiants, sans doute à cause d'une difficulté d'accès aux sources primaires ou secondaires.

Malgré une certaine impression de déjà-vu (certains sujets sont partculièrement "bateaux"), on peut trouver dans cet ouvrage quelques essais sur des sujets particulièrement originaux comme celui sur un obscur film de SF Suisse (le seul de son espèce) intéressant mais montrant les limites de la démarche puisque dissertant sur une oeuvre que quasiment aucun des lecteurs ne verra (ou n'a vu) jamais. L'article sur la musique SF aborde lui aussi un sujet, certes plus vaste, mais trop rarement traité. Au final on est face à un bon petit recueil d'essais, certes jamais transcendant mais plus qu'honorable.
Note GHOR : 2 étoiles
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10/09/2009
_Cyberpunk _
Cyberpunk : Andrew M. BUTLER : Pocket Essentials (série "Pocket Essential Litterature") : 2000 : ISBN-10 1-903047-28-5 : 96 pages (y compris bibliographie mais pas d'index) : coûtait 4GBP pour un poche.

Ce livre fait partie d'une collection britannique dont le principe est assez similaire à nos "Que sais-je ?" français. Ce sont des petits guides qui ont pour vocation de faire le tour d'un sujet dans un format aisément transportable. Les sujets couverts sont essentiellement du domaine du cinéma ou des littératures de genre (on notera un opus sur PKD). Cet ouvrage qui vise à faire le tour du Cyberpunk, un sous-genre de la SF à l'existence météorique a été écrit par Andrew M. Butler, une des figures du genre en Grande-Bretagne, membre influent de la BSFA et de la SF Foundation.

Le livre est divisé en sept parties d'une dizaine de pages chacune : 1) "Introduction" qui est en fait une histoire complète du mouvement, de ses précurseurs à ses successeurs ou opposants; 2) "Consensus hallucinations" qui discute des textes centraux du mouvement (ceux de Gibson et Sterling); 3) "The Cyberpunk movement" sur les autres membres déclarés du groupe (de Bear à Shirley); 4) "Post-cyberpunk" qui traite des héritiers du CP dont le plus célèbre est indiscutablement Stephenson; 5) "Cyberpunk-flavoured fiction" sur les écrivains qui ont utilisé l'esprit CP dans des textes ou l'informatique était pourtant absente (de Egan à Womack); 6) "Cyberpunk goes to the movies" qui parcourt les films CP, du fondateur Blade Runner au blockbuster Matrix; 7) "Resource material" une bibliographie primaire (essentiellement) couvrant les textes et les oeuvres audiovisuelles et secondaire (y compris sites web). On notera que les six premières parties se focalisent sur les oeuvres avec une originale grille de lecture constituée de plusieurs rubriques standards typiques du sous-genre (le décor, le héros, la femme fatale, l'angle d'attaque, le style, les bas-fonds et le résultat). Ce livre ne comporte pas d'index.

Comme on pouvait s'y attendre de la part d'un expert comme Butler, le livre remplit parfaitement sa mission. Il présente un des meilleurs panorama de ce sous-ensemble si particulier de la SF. Même si sa concentration sur les textes peut éventuellement occulter les éléments historiques d'une genèse mouvementée, on ressort de cet ouvrage avec une vision claire à la fois du Cyberpunk lui-même mais aussi de toutes les réactions (positives ou négatives) qu'il a pu susciter et de l'héritage qu'il a laissé au reste du genre (on pensera au NSO).

On remerciera aussi Butler de nous avoir épargné de longues tirades convenues sur le Steampunk et de penser à mentionner les "opposants" au CP. Le seul point surprenant est le fait que le roman de Sterling Islands in the net ne soit pas traité alors que son appartenance au Cyberpunk paraît difficile à nier.

Un ouvrage synthétique, complet, maîtrisé et pas cher, que demander de plus ? Simplement plus de pages pour permettre à Butler d'approfondir un vaste sujet.
Note GHOR : 2 étoiles
09:36 | 09:36 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles, cyberpunk | Tags : anglais, 2 étoiles, cyberpunk
07/09/2009
_Fifty key figures in science fiction_
Fifty key figures in science fiction : Mark BOULD & Andrew M. BUTLER & Adam ROBERTS & Sherryl VINT : Routledge (série "Key Guides") : 2009 (on notera un copyright donnant 2010 !) : ISBN-13 978-0-415-43950-3 : xxiv + 288 pages (y compris index) : une vingtaine d'Euros pour un TP (existe aussi en HC et en e-book).

Faisant partie d'une série de guides d'un format similaire publiés par Routledge, cet ouvrage est donc le résultat des cogitations des éditeurs quand aux cinquante personnages clés de la science fiction. Les éditeurs font partie du sérail universitaire du Commonwealth (Vint enseigne au Canada, les autres en Grande-Bretagne) et ils sont d'ailleurs entourés de la fine fleur des "SF Studies" britanniques. On retrouve en effet au sommaire les noms des auteurs habituels (Attebery, Parrinder,Westfahl...) de ce petit monde.

Dans la pratique, chacun de ces acteurs clés du genre (49 réels et un personnage de fiction : Le Docteur) est présenté dans un essai d'une demi-douzaine de pages suivi d'une courte (quelques lignes au plus) bibliographie secondaire. En matière de répartition, on relèvera que sur ces cinquante personnes, 35 sont des écrivains (de Asimov à Wolfe) ou des acteurs de la SF littéraire (Gernsback, Suvin) le reste étant essentiellement consacré à des artistes du domaine audio-visuel (cinéma ou télévision, de Gerry Anderson à Spielberg). A ces catégories s'ajoutent un ou deux sociologues (Baudrillard, Haraway), deux auteurs de comics (Lee & Moore) et notre héros de fiction. L'ouvrage se termine par un index particulièrement détaillé.

En ce qui concerne les entrées individuelles on a, comme d'habitue avec ces ouvrages mêlant de multiples voix, une grande hétérogénéité. En effet, même si ce sont des spécialistes de tel ou tel écrivain (Luckhurst sur Ballard, Rieder sur Robinson ou Westfahl sur Gernsback), certains auteurs ont un peu de mal à se plier au format de l'exercice. Cela donne un format et un ton de chaque texte assez différents, allant de l'analyse thématique (Roberts sur l'enfermement chez Herbert), la mise en perspective historique (Westfahl sur Gernsback), la biographie (Roberts sur Hubbard) à la simple liste commentée d'oeuvres (Murphy sur Egan). A cela s'ajoute le fait que certains s'en sortent plus ou moins bien ou que d'autres s'amusent à évoquer des livres même pas encore écrits (Burling sur Miéville). Ces quelques critiques ne doivent pas masquer le fait que l'ensemble est, d'une façon logique, généralement d'un excellent niveau.

Mon problème avec cet ouvrage est exactement le même que celui que j'ai eu avec The science fiction handbook, un autre titre récent et d'une provenance éditoriale assez similaire (voir http://ghor.hautetfort.com/archive/2009/08/04/22d9917f66b...).
Pour commencer, je rappelle le projet du livre "... a collection of engaging essays on some of the most significant figures who have shaped and defined the genre." (4ème de couverture). Il se place donc dans une optique affichée de sélection par l'importance pour le genre et son histoire et non de "qualité" ou de représentativité. A mon grand regret, j'estime que cet ouvrage offre une vision complètement biaisée du genre. La question de savoir pourquoi est à poser aux éditeurs même si la présence d'arrière-pensées visant encore et toujours à présenter un visage respectable du genre dans les cercles académiques où ils se meuvent est à peu près évidente.

Un premier élément éclairant cette volonté de "toiletter" la SF est l'inclusion d'entrées comme celles consacrées à Baudrillard, Haraway voire celle sur Jones. Le premier est certainement un philosophe remarquable, la seconde est une figure à la mode dans les milieux post-modernistes/féministes/socialistes et la troisième est centrale dans la critique SF féministe britannique. Ce sont des théoriciens respectés dont le discours se situe à posteriori mais leur influence directe sur le genre est certainement très faible. Par contre, il sont clairement des cautions de valeur dans le monde académique ("Oui, mais la SF ce n'est pas que des calmars dans l'espace, la preuve, même Baudrillard en parle."). On peut mettre dans le même sac l'article sur Hubbard qui fait plus "reniement des péchés de jeunesse" qu'autre chose, à tel point que Roberts est un peu à la peine pour justifier de son inclusion.

Quand on se concentre sur les écrivains de SF qui sont donc des personnages clés du genre, on assiste à un autre type de travestissement de la vérité. Dire que dans les trente-cinq écrivains les plus importants (pas les meilleurs, ni les plus prometteurs) se trouvent des gens comme Brackett, Capek, Hopkinson, Mièville ou Tepper, c'est juste vouloir donner une image de la SF qui montre combien c'est un genre génial, ouvert à toutes les minorités (homosexuels, femmes, afro-américains ou encore mieux une combinaison de ces facteurs), post-colonialiste, post-moderniste, féministe, écologique, branché, cultivé... En un mot, parfaitement digne d'intérêt, fréquentable et générateur de bourses de recherche. Je dois avouer que le pompon est atteint par l'essai sur Hopkinson qui, comme elle n'a écrit que deux romans de SF, se trouve forcé de basculer à mi-chemin dans la discussion de textes (The salt roads ou The new moon's arms) qui n'ont strictement aucun rapport avec la science fiction. Cela fait un peu désordre pour quelqu'un faisant partie de la trentaine de personnes clés du genre.

A contrario, les exclus sont révélateurs de cette orientation normalisatrice si spécieuse. Le simple fait de ne pas consacrer une entrée à Campbell dans un tel ouvrage est tout simplement indéfendable et ne mérite pas plus de commentaires de ma part. Pour les autres absents, il y a toujours matière à discussion, mais sachez que les personnes suivantes ne sont pas considérées comme ayant eu suffisamment d'influence sur le genre : Aldiss, Blish, Farmer, Gold, Leiber, Pohl, Silverberg, Sturgeon, Vance, Van Vogt... (pour une liste plus réaliste, voir Sabella : Who shaped science fiction ?).
Au final, un livre qui montre bien que l'on ne peut pas (re)faire l'histoire du genre en appliquant la méthode des quotas, une tentation souvent grande dans le monde universitaire. A ce titre la convergence de ce livre et celui de Booker et Thomas est sidérante et les diverses statistiques que l'on peut faire sur les auteurs retenus en matière de sexe, de race ou de nationalité sont assez amusantes. Cette tentative de glisser sous le tapis les "embarassements" de la SF (comme le dirait Disch) n'est pas une pratique très efficace ni très juste. La SF a suffisamment de vraies qualités pour qu'il ne soit pas nécessaire de lui inventer une généalogie acceptable ou de la faire passer pour autre chose. Ce manque d'honnêteté est à mon sens regrettable et décrédibilise totalement un ouvrage qui, sur le fond, est pourtant de qualité.
Note GHOR : 2 étoiles (et encore)
10:57 | 10:57 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles
03/09/2009
_Critical encounters II_
Critical encounters II : Tom STAICAR (éditeur) : Ungar (série "Recognitions") : 1982 : ISBN-10 0-8044-6876-1 : 165 pages (pas d'index) : coûtait 7 USD pour un TP, existe aussi en HC (-2837-9).

Cet ouvrage, qui fait logiquement suite à Critical encouters I (que je n'ai pas encore), est un recueil d'essais sur des auteurs et des sujets variés. Il est paru dans une collection consacrée au polar et à la SF et qui mélange des monographies (Chandler, P. D. James, Asimov, Bradbury...) et des ouvrages de ce type. Dirigé par Staicar, il fait appel à des plumes moyennement connues dans le domaine de la réflexion sur le genre (Yoke, Chauvin, Rabkin...).

Ce recueil contient donc neuf essais d'une petite vingtaine de pages chacun. On y trouve, dans l'ordre : Krulik sur deux tomans de Matheson (I am legend & The incredible shrinking man), Salmonson sur les premiers romans de Doris Piserchia, Rabkin sur la rhétorique de la SF, Chauvin sur Watson, Hassler sur The nitrogen fix (un roman de Clement non traduit), Yoke (déjà auteur d'une monographie de l'auteur) sur les mythologies de Zelazny, Alterman analysant Dying inside (Silverberg), McGuire sur l'oeuvre des frères Strugatskty comme histoire de futur et enfin Wendell sur la rebellion dans trois romans de Vonda McIntyre. On remarquera l'absence d'index et le report des notes en fin d'ouvrage (et non en fin d'article ou en bas de page) avec parfois l'inclusion d'une bibliographie.

La force de cet ouvrage vient de sa grande variété. A la fois variété de style d'article avec des réflexions théoriques (Rabkin), des panoramas généraux (McGuire ou Yoke) ou des analyses décortiquant un seul texte (Hassler ou Alterman) mais aussi variété des auteurs abordés et des sous-genres (Hard SF, post-apocalyptique, quasi novellisation...). Chaque intervenant maîtrise son sujet (ce sont souvent justement les spécialistes des auteurs étudiés) et le discours est dans l'ensemble d'un bon niveau tout en restant facile à lire.

Il faut aussi louer l'originalité très forte de certains textes qui sont parfois des premières comme par exemple celui sur Piserchia (un auteur qui n'est que très rarement mentionnée) ou celui sur The nitrogen fix qui nous change de la n-ième étude de Mission of gravity, même si ce roman assez moyen ne restera pas dans les mémoires des amateurs de Clement. On pourra juste discuter sur l'essai de Rabkin, parfois assez loin du coeur de genre puisque se concentrant essentiellement sur de la proto-SF (Bacon, Defoe, Dante) et celui de Yoke qui présente un peu trop de similitudes avec son livre sur Zelazny sorti chez Starmont. On regrettera aussi l'absence d'index qui rend difficile la réutilisation de cet ouvrage.

Au final un bon petit livre, agréable comme un repas gastronomique fait de plusieurs plats originaux.
Note GHOR : 2 étoiles
11:31 | 11:31 | Ouvrages de référence divers | Ouvrages de référence divers | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 2 étoiles | Tags : anglais, 2 étoiles